Médicaments et vaccins En cas de pandémie grippale : différents scénarios
Une pandémie de grippe due à la circulation d'un nouveau virus contre lequel l'homme n'a pas appris à se défendre pourrait rendre malade entre 15% et 35% de la population française, selon des scénarios de l'Institut de veille sanitaire (InVS) publiés mardi.
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L'InVS rappelle, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), ces estimations et l'impact escompté de médicaments anti-viraux et de vaccins, déjà indiqués à l'automne 2004 lors de la présentation du premier plan gouvernemental contre une pandémie grippale. En "l'absence d'intervention sanitaire, le bilan pour la France pourrait s'établir entre 9 et 21 millions de malades et 91.000 à 212.000 décès en fin de pandémie", et "de 500.000 à 1 million de personnes pourraient développer des complications nécessitant une hospitalisation", rappelle ce plan dans sa version actualisée présentée le 11 janvier. La France a, selon le gouvernement, déjà constitué un stock de quelque 14 millions de traitements (140 millions de doses) de Tamiflu et de Relenza, deux antiviraux susceptibles d'agir contre un virus grippal pandémique qui pourrait apparaître si par exemple le virus aviaire H5N1 (ou un autre virus aviaire) s'adaptait à l'homme. Une réserve totale de 33 millions de traitements (330 millions de doses) d'antiviraux est promise pour 2007. Si la grippe pandémique frappait un quart de la population, soit près de 15 millions de personnes, près de 600.000 hospitalisations et 118.500 décès sont attendus en l'absence de traitement ou de vaccin, selon un scénario déjà détaillé cet été par l'InVS. Utiliser 132 millions de doses d'antiviraux permettrait d'éviter un quart des hospitalisations et un tiers des décès. Vacciner toute la population avec deux injections permettrait d'éviter 73% des décès, mais "il est peu vraisemblable qu'un vaccin spécifique de la souche pandémique (c'est-à-dire adapté) soit disponible au moment où la pandémie atteindrait la France", souligne l'InVS.
Suffisant pour traiter les malades, le stock actuel d'antiviraux reste trop limité pour envisager des traitements préventifs pour les 8,7 millions de personnes à risques (personnes âgées ou souffrant de maladie longue durée, enfants, femmes enceintes..) et les 3,6 millions de professionnels (santé, secours, sécurité, transports...) à protéger prioritairement. Sans traitement ni prévention, 28.500 décès pourraient survenir, selon l'InVS, parmi les 8,7 millions de personnes les plus à risques de complications. Leur offrir un traitement antiviral préventif en cas d'exposition à un virus pandémique impliquerait d'y consacrer plus de 295 millions de doses d'antiviral. Cela permettrait d'éviter 16.000 décès. Ce serait "l'intervention de choix à proposer aux populations à risque tant que le vaccin ne serait pas disponible", notent dans le BEH les auteurs de l'étude. Se limiter à un traitement curatif, une fois ces personnes fragiles déjà grippées, nécessiterait seulement 15 millions de doses d'antiviral, mais ne permettrait d'éviter que 8.400 décès. Quant aux 3,6 millions de professionnels à protéger en priorité, leur offrir des antiviraux en prévention, en sus des masques de protection, impliquerait d'y consacrer 510 millions de doses d'antiviraux, ce qui permettrait d'éviter la grande majorité des 6.400 décès attendus dans ce groupe. Les antiviraux Tamiflu et Relenza entravent l'action de la neuraminidase, une des protéines de la surface du virus grippal, afin de réduire la propagation de l'infection chez le malade ou dans son entourage.
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